Le conseil communautaire de Le Mans métropole a voté jeudi 7 novembre le lancement du marché de l’étude préliminaire d’un réseau cyclable.
Nous nous réjouissons de cette étape indispensable pour créer les conditions d’un usage massif du vélo au quotidien. C’est un jalon encourageant qui peut marquer le début d’un changement d’ère pour les déplacements à vélo au Mans.
Restons néanmoins prudents car il est encore trop tôt pour parler de “plan vélo à 21 millions d’euros”. Décryptons ce que cette décision veut dire – et ce qu’elle ne veut pas dire.
Ce qui a été décidé
La délibération approuvée par le conseil communautaire valide un programme en deux parties : une étude et, en option, des travaux.
L’étude sera confiée à un prestataire qui reste à déterminer (d’ici à l’été prochain), avec un budget de deux millions d’euros (voir la délibération en bas de page). Il s’agit précisément “des études préliminaires et d’avant-projet du réseau cyclable structurant dans son ensemble. Ces études permettront notamment d’obtenir, pour chaque itinéraire, un programme spécifique de travaux, le coût prévisionnel ainsi qu’un planning de réalisation”. Rappelons que le réseau dit “structurant” représente plus de 120 km sur les 19 communes de l’agglomération. C’est donc une masse de travail gigantesque, qui ne peut être absorbée par les services existants dans un temps raisonnable, ce qui justifie le recours à un mandataire.
La délibération fixe quelques grand principes : “les itinéraires devront être aménagés de façon cohérente, ce qui nécessitera d’effacer les discontinuités et ruptures cyclables existantes”, “les aménagements cyclables devront assurer la sécurité du cycliste et la rapidité de ses déplacements”, “une attention particulière est à porter sur le traitement des nœuds de déplacements cyclables (carrefours et giratoires).”
Ces principes correspondent bien aux principaux enjeux de la création d’un réseau cyclable digne de ce nom.
L’étude décidée doit être l’occasion de réaliser un schéma cyclable sur de nouvelles bases, plus solides que le volet déplacements du PDU, pour lequel nous n’avons pas de mots assez durs. La formulation de la délibération semble aller dans ce sens : “le tracé des itinéraires et leur programmation seront réinterrogés”.
La dernière grande avancée de cette délibération réside dans le changement d’approche.
Le débat ne porte désormais plus sur la nécessité de réaliser des aménagements cyclables, mais sur leur nature selon leur situation (c’est l’objet de l’étude) et les moyens à y consacrer.
Réfléchir et construire des aménagements pour les cyclistes sont des étapes nécessaires pour réussir la transformation de la ville.
Ce changement d’approche représente donc une avancée fondamentale.
Ce qui reste à décider
Au-delà du principe d’une l’étude, rien n’est décidé et rien ne le sera avant les municipales, puisque le marché doit être attribué à l’été 2020.
Toutes les décisions importantes seront donc prises par l’équipe issue des élections du mois de mars.
– Le choix du mandataire, avec quelle expérience ou quelles compétences dans le domaine cyclable ?
– L’orientation de l’étude, puisqu’un comité de pilotage est prévu : quel niveau d’exigence pour la sécurité des cyclistes, quels principes d’aménagement ?
Ce point fera l’objet de notre plus grande vigilance.
Pour se donner tous les moyens de réussir, l’étude doit impérativement se baser sur l’expertise d’usage des cyclistes. Nous demanderons donc à être, au minimum, régulièrement consultés par le comité de pilotage.
– Le choix de déclencher ou non les travaux prévus en option (18 millions d’euros de prévisionnel, y compris les acquisitions foncières). Précisions qu’il s’agit d’une évaluation, le montant des travaux dépendant des préconisations de l’étude (donc de son niveau d’exigence) – et c’est à notre avis la bonne façon de procéder.
A ce stade, nous avons aussi deux regrets :
– le calendrier très étiré, qui prévoit les travaux à partir de 2024 seulement ! La délibération tente d’ailleurs d’atténuer ce problème en envisageant des travaux anticipés en maîtrise d’œuvre interne.
– l’estimation d’une enveloppe de 17 millions d’euros de travaux, qui ne permettra de réaliser qu’une partie de l’infrastructure nécessaire pour relier nos communes et nos quartiers. Là aussi, la délibération précise que cette somme permettra seulement de réaliser des itinéraires considérés comme prioritaires (sans qu’on sache à quoi cela peut correspondre).
Ce plan vélo peut donc être un élément d’un plan plus vaste avec un financement à la hauteur de l’enjeu, comme nous le demandons : 50 euros par an et par habitant de l’agglomération, soit 10 millions par an.
Ces deux points peuvent bien sûr être améliorés en 2020… puisqu’ils ne sont pas vraiment décidés !
Quant à nous, nous sommes plus que jamais mobilisés pour que la construction d’un vrai réseau cyclable dans l’agglomération du Mans soit le chantier emblématique du prochain mandat.